La porte verte

Derrière la porte verte au bas de la rue principale, il y a un endroit qui n’existe que pour ceux qui le connaissent. Un endroit remplis d’histoires d’avant auxquels s’ajoutent celles d’aujourd’hui. Lorsque que ma nièce de 4 ans m’a demandé quand est-ce qu’on allait à « la porte verte », j’ai réalisé que je n’avais jamais vu qu’elle était verte… cette porte pourtant bien connue. Pour la première fois cette année, j’ai vu des choses, petits vestiges laissés ici et là jamais remarqués jusqu’à maintenant! Alors cette année, j’ai regardé ce petit coin de paradis avec les yeux de Mila et voici ce que j’y ai vu. Laissez-moi vous raconter ma version de l’histoire du 1 rue Ville Pépin …

 

Au premier numéro de la rue Ville Pépin, la lourde porte verte est ornée de fines arabesques en fer forgé. Au centre de chacun des deux battants, on découvre les visages d’un homme et d’une femme, gardiens anonymes de ces lieux. Lui est à gauche, une fine moustache, un béret de velours orné d’une plume sur le côté – élégant. Elle, sur la porte de droite, sage et discrète avec sa coiffe ornée d’un bijou sur le haut de son front. Ils se regardent, tendent la tête l’un vers l’autre, et se perdent de vue chaque fois que la porte s’ouvre.les-amants-inconnus

J’imagine leur frayeur à l’idée qu’elle ne se referme plus! Leur repos dépend des allers-venus des passants, remis entre les mains de tous ces inconnus qui poussent cette porte depuis bien longtemps sans se soucier de ses amants perdus. Comble de l’ironie, au centre de cette grande porte, une main fait office de heurtoir. Saisissez cette main pour cogner contre la porte et vous annoncez auprès des occupants de la maison. Entrez et refermez vite derrière vous s’il-vous-plait, de crainte que les amoureux ne soient séparés trop longtemps.

Une fois la porte franchie, un dédale de petits carreaux noir et blanc mène à un grand escalier en bois. C’est la colonne vertébrale des lieux, vieux et affaiblis, en colimaçon, c’est avec lui que l’histoire continue. Les marches lustrées, aux angles élimés par le temps « craquent » à chacun de nos pas. Le vieil escalier râle sous notre poids, il faut dire que nous sommes chargés de nos valises ; il n’est plus tout jeune et peine à nous porter.

 

Les anciennes fenêtres parisiennes habillent chaque étage: un coup d’œil sur les cours fermées des voisins, puis chaque fois plus de hauteur et une vue qui se dégage vers l’horizon jusqu’à surplomber les toits. Et si l’on prête attention, on remarque un petit témoin discret : la fenêtre entre le 2ieme et le 3ieme étage a pour poignée, un petit ange qui garde le secret des lieux.

 

Arrivée au 5ième étage, on est essoufflé, et on a gagné!  Un palier, une nouvelle porte en bois, un verrou dissuasif _ rien ne laisse deviner le petit coin ensoleillé qui nous attend ici.

Un dernier tour de clés, les verrous cèdent et la dernière porte s’ouvre… On est d’abord aveuglé par un rayon de lumière… Je me prends à penser au paradis… jolie clin d’œil après s’être entendu dire que l’on « était mort » (de fatigue), à bout (de souffle) durant cette montée (aux cieux), sans oublier la présence de ce petit ange bienveillant…

 

Au petit matin, on entend au loin la sirène d’un bateau qui entre au port de St Malo. Au dernier étage sous les toits, nous sommes au niveau des nuages _ rien d’étonnant à prendre son café avec un goéland à sa fenêtre. Toujours le même, je le reconnais à sa patte droite abimée. Envie de rêver, on se perd dans mille et une histoires dans les livres que renferme la grande bibliothèque…

 

Un petit tour de marché sur la place à côté, une galette et un morceau de fromage puis on part se balader à la Tour Solidor en passant par la plage des Bas Sablons pour ramasser quelques coquillages.

 

Au premier numéro de la rue Ville Pépin, derrière la lourde porte verte, c’est chaque fois une nouvelle histoire qui s’écrit.

 

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