« Si j’avais à recommencer ma vie, je commettrais encore les mêmes erreurs _ mais plus tôt », a un jour affirmé Tallulah Bankhead, actrice américaine des années 40.
Et vous ?
Moi ? Oui ! Évidemment, il y a eu des gaffes et des loupés mais rien d’insurmontables, après tout. Les cheveux repoussent après une coupe de cheveux désastreuse (et c’est rien de le dire !), il est toujours possible de trouver un autre emploi intéressant, de repeindre la salle à manger, ou de se débarrasser d’un fard à paupière fushia.
Dans la culture japonaise, le wabi-sabi rend hommage à l’art de l’imperfection et au paradoxe de l’inévitabilité des erreurs. Contrairement au feng shui, il ne demande aucun aménagement physique : il repose plutôt sur un changement d’attitude.
Définition: (n.) Une vision du monde qui met l’accent sur la beauté dans les imperfections de la vie et l’acceptation pacifique du cycle de croissance et de désintégration. Le wabi–sabi relie deux principes : wabi → solitude, simplicité, mélancolie, nature, tristesse, dissymétrie… et sabi → l’altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies.
Regardez autour de vous. Rien n’est laid, tout change. Vous en avez assez des rideaux de votre cuisine ? Enlevez-les, ouvrez grand les fenêtres et laissez le soleil entrer à flot. En fait, le wabi-sabi s’inspire des charmes toujours renouvelés de Mère Nature. Selon cette vision des choses, l’essence de la beauté réside dans la splendeur de l’ordinaire, trop souvent ignorée. La véritable beauté est merveilleusement imparfaite. Le wabi-sabi met l’accent sur la beauté discrète, cachée, timide, éphémère… sur les charmes de l’ordinaire !
Vous cueillez dans le jardin un bouquet de pivoines roses ornées de gouttes de rosée et de quelques fourmis, que vous disposez dans un pot près de la fenêtre de la cuisine. En dix minutes à peine, vous avez créé un effet qu’une décoratrice pourrait passer des heures à obtenir. Autour de vous, mille et un clins d’œil du quotidien.
La jolie corbeille à coupures de magazine que vous avez fabriquée et à laquelle il ne manque qu’une couche de vernis. Les chaises de jardin dont la toile rayée est défraîchie et parsemée de souvenirs comme la brûlure de cigarette qui vous rappelle pourquoi vous avez arrêté de fumer. Une chemise en jean’s aux poignets effilochés, qui porte les marques de nombreuses années de lavage, de repassage, d’amour et de vie. Vous portiez cette chemise le jour où votre bien-aimé vous a demandé en mariage, vous la portiez lorsque vous avez appris à votre enfant à marcher, pour planter votre rosier préféré, changer pour la première fois une bougie dans votre voiture, dresser votre tente à la belle étoile. Dans la vie, il n’y a pas beaucoup de choses irremplaçables, mais cette chemise en fait partie.
Pour intégrer la philosophie du wabi-sabi à notre quotidien, nous devons la considérer comme un remède à notre quête effrénée de perfection. Pour en faire l’expérience, il nous faut donc ralentir la cadence et exercer notre patience et notre sens de l’observation. C’est percevoir la singulière beauté de ce qui peut sembler laid ou décrépit au premier abord. Pour introduire le wabi-sabi dans notre vie, vous n’avez pas besoin d’argent, de formation ou de talents particuliers. Ce qui importe c’est un esprit assez serein pour pouvoir apprécier la beauté cachée, assez de courage pour ne pas avoir peur du dénuement et une volonté d’apprécier les choses telles qu’elles sont _ c’est passer du faire à l’être, de simplement apprécier les choses plutôt que de chercher à les améliorer.
C’est également une célébration des sens : les textures brutes, les objets simples, les matériaux naturels et les teintes subtiles s’inscrivent dans cette philosophie.
Quel trésor se cache dans votre grenier ?
Il suffit parfois d’un simple objet tiré du fond d’un placard pour vous faire comprendre la magie du wabi-sabi : un vase ébréché, un morceau de tissus délavé. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaises façons d’appliquer le wabi-sabi. Il peut s’agir d’un geste tout simple : disposer le courrier de la journée dans un bol ancien, laisser la peinture s’écailler sur une veille chaise ou encourager le jardin à monter en graine. Chose certaine, le wabi-sabi ne s’achète pas. C’est un état d’esprit, une façon d’être.
Quelques règles pour adopter l’art du wabi-sabi:
- jouer la carte de la simplicité
- préférez les textures et matériaux naturels
- redonnez vie à vos objets favoris _ connaissez-vous le kit de dorure New Kintsugi?
« Il y a une fissure dans tout, c’est ainsi que la lumière entre »
Leonard Cohen