Créer c’est vivre deux fois

Faites de votre propre reconquête la première priorité de votre vie,

Robin Norwood

 

À la fois journal intime et exutoire créatif, les carnets artistiques sont un excellent moyen de donner libre cours à son imagination et de garder une trace du temps qui passe.

« J’aime, dans les carnets artistiques exactement ce qui m’a empêchée d’en commencer un pendant longtemps explique l’américaine Dawn DeVries Sokol. Avant, je me disais : à quoi bon remplir un carnet de jolies pages si c’est pour le ranger ensuite dans un placard ?

  • Pourquoi avons-nous cette même croyance que tout ce que l’on fait doit avoir une utilité ?! Le meilleur conseil que l’on ne m’a jamais donné est celui-ci : créer quelque chose qui te fasse plaisir sans chercher une utilité si ce n’est le plaisir que tu as eu à le faire, à prendre le temps de le créer. C’est encore tout un apprentissage au jour le jour !

Un journal artistique, comme son nom l’indique, se résume à de l’art dans un journal intime. Personne ne le voit, c’est uniquement pour soi. Et lorsque j’ai enfin réalisé cela, je me suis rendue compte qu’élaborer un journal pouvait me permettre de m’affranchir du besoin de faire en sorte que ce soit joli. Pas d’inquiétude sur ce que les autres vont en penser : c’est très libérateur. Il n’y a rien de tel pour la créativité. »

  • Qualifier ce journal d’intime permet à notre cerveau de se libérer du regard de l’autre. Et donc de s’apprivoiser soi-même, de s’occuper d’abord de notre propre critique _ ce qui n’est déjà pas une mince affaire !

 

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On rencontre de plus en plus souvent le terme anglais Art journaling pour désigner cette activité. Il s’agit tout simplement d’un journal créatif. Depuis des siècles, les artistes ont compilé des journaux visuels. Ceux de Léonard de Vinci en sont un magnifique exemple. Aujourd’hui, on pratique l’art journaling sans autre objectif que le plaisir de faire. Et ce loisir séduit des gens qui ne sont pas forcément des artistes. On peut s’y initier via des cours en ligne, des ateliers pour apprendre à renouer avec notre créativité.

 

UNE SEULE RÈGLE : PAS DE RÈGLE

En faisant quelques recherches sur Google, vous allez trouver de nombreux types de journaux artistiques : dessins et peintres combinés à du texte, coupures de journaux et de magazines, collage. Pour Dawn, la règle d’or, c’est qu’il n’y a aucune règle. « Voyez-le comme un exutoire, conseille-t-elle. Une personne va en faire un journal de bord, tandis qu’une autre utilisera plutôt des photos et une troisième des dessins. »

Arne Nerjordet et Carlos Zachrison _ des créateurs scandinaves célèbres pour leurs livres de tricot _ sont passionnés d’art journaling depuis une vingtaine d’années. Ils ont même écrit un ouvrage très inspirant sur le sujet. De nombreux clichés de leurs carnedawn1ts personnels y figurent. Leurs pages sont pleines de coupures de magazines, de couleurs, de photos, de morceaux de tissus et de laine, d’idées et de croquis.

« Nos carnets sont presque aussi importants que nos créations finales, explique Carlos. Nous documentons tous les aspects de notre vie : les belles images que nous trouvons, aussi bien que nos idées et nos pensées. Cela tient à la fois du journal et d’un lieu de rencontre créatif. Nous n’avons pas de méthode précise, nous commençons et voyons où cela nous mène, comme un puzzle dont nous dénicherions sans cesse de nouvelles pièces, il m’arrive parfois d’entasser les découpages en vrac dans mon carnet et de les coller plus tard. »

COMME UN CLASSEUR

Leurs carnets créatifs reflètent leur esprit. « Je compare souvent notre façon de penser à un meuble de classement, explique Carlos. On y trouve plein d’idées, mais on ne peut pas toutes les utiliser en même temps. Alors on ouvre un tiroir de ce classeur et on y rIMG_E3429ange quelque chose pour plus tard. Dans un autre tiroir, on va placer une idée différente, et ainsi de suite. Un journal artistique fonctionne exactement de la même manière. »

Avant d’adopter les carnets, Arne et Carlos réalisaient des planches de style. Puis ils ont commencé à classer ces feuilles de bristol dans des albums et en sont arrivées à des carnets faits maison. Les carnets de Peter Beard, artiste et photographe animalier américain des années 70, font partie de leurs sources d’inspiration : l‘homme tenait une chronique de ses voyages dans des livres remplis de photos de textes et d’illustrations, le tout mélangé.

 

DE PETITES ŒUVRES D’ART

Les carnets de la créatrice néerlandaise Elma de Jonge sont très différents : chaque jour, elle réalise un dessin à la peinture dans des coloris vifs et frais, parfois juste quelques pois et quelques rayures. « Ce que je fais est souvent très simple, explique Elma. Ce sont de petites œuvres d’art, mais j’ai vraiment l’impression de tenir un journal, car je m’inspire de mon humeur du jour et de ce que j’observe autour de moi. »

Elma de Jonge1

Pour être sûre de consacrer un peu de temps, elle a posté sa création du jour sous le hashtag #100daysofartjournaling sur son compte Instagram et son blog.  » Je suis souvent très occupée, alors ce n’est pas facile de me consacrer un loisir. Ce qui me plait vraiment, c’est que cela m’oblige chaque jour à tout mettre de côté et à libérer ma créativité. Les commentaires sympas que je reçois m’encouragent à continuer. Je suis perfectionniste, mais dans mon carnet créatif je me sens libre d’expérimenter les couleurs et les styles. Les meilleures choses arrivent justement parce que chaque jour, je prends mon pinceau. « 

 

N’IMPORTE OÙ ET PARTOUT

Arne et Carlos s’investissent tellement dans leurs carnets qu’ils n’ont pas besoin de projet particulier pour s’y tenir. « Cela fait partie intégrante de notre vie. C’est très relaxant, plus que toutes nos autres activités, plus même que le tricot. Lorsqu’un carnet est plein nous en commençons un autre. Il nous arrive de travailler sur plusieurs à la fois. C’est un loisir très agréable, en particulier quand nous sommes à l’aéroport ou en voyage. Nous les feuilletons en permanence pour voir ce que nous avons rassemblé. Nous ne pouvons pas nous en passer. »

 

CONSEILS POUR DÉBUTER

Carlos : « Commencez par tenir un journal, écrivez quelques mots sur votre journée en utilisant des couleurs différentes. Puis décorez avec des photos, des dessins, des collages, etc. cherchez des choses amusantes à y mettre, recyclez les objets qui vous entourent. Et soyez patient. Inutile d’essayer de terminer une page d’un coup. Collez-y des images des morceaux de tissus, de papier d’emballage, une jolie serviette en papier de restaurant… Conservez toutes vos trouvailles dans une boite en attendant de leur trouver une place dans le carnet. »

Dawn : « Commencez sans vous poser de question. Tout le monde est créatif et les carnets artistiques sont faits pour être remplis d’expérimentations et d’histoires, sans aucune règle. Il m’arrive de perforer une page pour voir à travers. Et souvenez-vous que vous pouvez vous contenter d’une seule touche de couleur puis continuer le dessin plus tard. »

Elma : « Ne placez pas la barre trop haute. Vous n’allez pas peindre un Van Gogh tous les jours. Ce qui compte, c’est le processus. Vous allez travailler à trouver votre style. Autorisez-vous à vous inspirer des autres. Je peux passer des heures sur Pinterest à cherche des combinaisons de couleurs ou des motifs. Mais ajoutez-y toujours votre touche, bien sûr. »

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Sources:

  • Flow n•15
  • Carnets créatifs à faire soi-même, Arne  & Carlos
  • Elma de Jonge sur Instagram @elmadejonge

 

 

 

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