Où est passé mon week-end?

 

Pour la plupart des employés d’aujourd’hui, la semaine de travail n’a ni débuts ni fin clairement définie. L’ère du numérique imaginée par la science-fiction nous a rattrapé, malgré l’absence de robots majordomes et de la semaine de travail de trois jours, prédite par l’économiste John Maynard Keynes en 1928. Travailler plus que nous le faisions il y a dix ans est devenu la norme pour la plupart des employés, et c’est tout juste si les machines conçues pour libérer notre temps nous en font gagner.

Et le week-end est devenu une extension de la semaine de travail, ce qui signifie, par définition, qu’il n’y a plus rien… d’un week-end.

 

 

« Le dimanche soir est le nouveau lundi matin »

…proclame en titre le Boston Globe, notant que beaucoup d’employés prennent de l’avance sur le lundi matin en passant leur dimanche soir à écumer leur boite de courriels avançant l’argument « Puisque que tous les autres le font, il vaut mieux que je m’y mette, moi aussi ». Personne ne veut être à la traîne, alors on court, on se hâte, et les jours défilent.

Pour cette façon flagrante de négliger notre temps de loisir, Aristote nous blâmerait. Selon lui, le temps de loisir n’est pas seulement ce que l’on fait en dehors de notre activité rémunérée. Cela ne consiste pas à faire le vide dans sa tête ni à s’atteler aux tâches ménagères _ à passer le week-end devant la télé ni à faire le tri dans sa penderie. Le temps de loisir est une nécessité dans toute existence civilisée. Le loisir est propice à la réflexion, la contemplation et la pensée, loin de la servilité des obligations.

 

« Week-end »- LA définition:

Les meilleurs week-ends incluent toujours quelques éléments clés, avec des variantes : connexion, plaisir, loisirs, nature, créativité. Il s’avère qu’il y a une multitude de façons de passer un bon week-end, mais que les contours sont les mêmes : le vrai temps de loisir ne consiste pas simplement à se distraire, mais à faire quelque chose qui a du sens. Un bon week-end est ouvert à la beauté. Un bon week-end inclut une part d’indécision. Un bon week-end peut passer par un million de chemins différents, mais implique toujours de lever le pied et d’échapper à la frénésie de la vie moderne.

Réussir à protéger quarante-huit heures d’affilée à notre époque est digne d’un superhéros. Cela demande du courage. Mais quand on capable de tenir la frénésie à distance, rien que pour deux jours, on crée un espace pour toutes sortes d’expériences qui n’ont rien à voir avec le succès et l’acquisition, mais avec cette humanité que le sabbat eut pour mission de protéger.

Lorsqu’on sait profiter des week-ends, on entretient un nouveau rapport au temps, où les loisirs sont aussi précieux que les biens matériels ou les honneurs professionnels. Il se passe quelque chose d’intéressant, quand on retrouve ses week-ends : on retrouve l’abandon de soi propre à l’enfance, et l’impression que tout est possible. On déterre la personnalité qu’on a enfouie sous le travail. On découvre qu’un week-end épanouissant est le meilleur moyen de mener une vie épanouissante.

 

+ productif en travaillant –

Si on a la chance de faire un travail qui réclame réflexion et créativité, alors le fait de travailler de longues heures tout au long du week-end ne nous donne pas l’impression de perdre au change; cela donne parfois l’impression de n’être même pas du travail. Il arrive même que l’on s’enorgueillisse de ne pas s’accorder de repos, ni profiter du week-end. Faire savoir au bureau qu’on travaille de longues heures le week-end peut être une stratégie _ même inconsciente _ pour gérer la peur de perdre son travail.

Alors qu’en fait, on est plus productif en travaillant moins.

Aujourd’hui le travail ne laisse aucune trace sur le corps; il nous brise l’âme, ce qui est une forme d’usure invisible. Le résultat est palpable : le surmenage mène à l’épuisement, voire la dépression et au suicide.

 

Une pure invention!

Nous avons inventé le week-end de la même façon que nous avons inventé la semaine. La terre met un an pour tourner autour du Soleil, 365, 25 jours. Le soleil se lève et se couche en vingt-quatre heures. Mais la semaine est une invention humaine, arbitraire, une substance introuvable dans la nature. Ce cycle de sept jours dans lequel nous inscrivons nos rendez-vous, marquons les anniversaires et surchargeons notre calendrier électronique _ calé entre les quarante-huit heures de liberté promise _ ne nous donne un cadre que parce que nous l’avons inventé.

 

L’horaire est devenu le nouveau patron omniprésent. Avant, les ouvriers faisaient leur travail de façon organique, en accord avec les lois naturelles : les tâches du pêcheur dépendaient de la marée; celles du fermier, de saisons. Mais avec l’industrialisation, l’horaire déterminait la tâche, et la mesure de la productivité consistait à savoir quelle quantité de travail on pouvait obtenir d’un ouvrier en un temps donné. Comme l’a écrit l’historien E. P Thompson, c’est à ce moment-là que le travail est passé de l’ère de la tâche à celle de l’horaire. Le temps avait une valeur en dollars et devint u produit, qu’il ne fallait pas dilapider. « Le temps est désormais de l’argent : il ne passe pas, on le dépense »

 

Hors ligne

Parce qu’il n’est plus si facile de se déconnecter, même en vacances, l’idée allait forcément être récupéré par un petit malin : voici la digital detox! C’est la nouvelle tendance touristique. Il s’agit d’un séjour loin de tout (Cantal, Botswana, Islande…) sans réseau, ni smartphone. Des services d’accompagnement à la déconnexion sont même au programme.

 

We’re all made here…

 

 

Source

Où est passé mon week-end? Retrouver les bienfaits du farniente, de Katrina Onstad

Envie de t'exprimer?

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s