S’entêter à en perdre… la tête

Connaissez-vous le conte de la princesse condamnée à enfiler le fil dans le chas de l’aiguille?

 

Voyez-vous cette femme assise sur une gigantesque bobine de fil et qui tente d’insérer ledit fil dans le chas de l’aiguille?

Quand je la regarde, j’ai la sensation qu’elle fait ça depuis toujours, qu’elle est figée dans une sorte d’espace-temps parallèle ; que le fil ne cesse de pousser, la pelote de grandir, et cette femme d’essayer d’enfiler ce fil dans ce stupide chas.

Comme prise dans une boucle temporelle démente qui la transforme, sans qu’elle en soit consciente. On n’a alors qu’une envie : lui arracher cette foutu aiguille et crier : « Mais bon sang, Paulette, POURQUOI veux-tu absolument faire passer ce fil sublime dans cet absurde chas? » Et sans doute me répondrait-elle alors : « Mais parce que je dois le faire! Parce que je ne peux pas me servir de ce fil sans cette aiguille! Parce que c’est comme ça. C’est ce que l’on m’a appris à faire. Parce qu’un fil, ça s’insère forcément dans un chas. C’est pourtant simple, Pernille! » La fileuse

Alors ma mâchoire se décrocherait de sidération, les bras m’en tomberaient (au moins un) et, ni une ni deux, je me jetterais sur son aiguille et la lui déroberais (avec le bras restant) pour toujours et à jamais.

Paulette se changerait sans doute en furie et se précipiterait sur moi pour que je lui rende son aiguille, sans laquelle, de son point de vue, le monde cesserait de tourner rond. Et quand Paulette aurait tant protesté, tant résisté, tant argumenté, tant pleuré, alors je m’assiérais à côté d’elle, sur sa grande pelote de fil de soie, et je lui apprendrais à tresser un bracelet brésilien. Et Paulette me regarderait interdite et éberluée, mais commencerait timidement à nouer les fils.

Et bientôt, sans prévenir, se formerait sous ses doigts… le plus beau des bracelets brésiliens que le monde ait pu voir.

Puis je lui demanderais de descendre de la pelote et de regarder juste derrière. Savez-vous ce qu’elle y trouverait et qui lui était invisible parce qu’elle lui tournait le dos?

Un métier à tisser. Accompagné d’une bonne fée pour lui apprendre à s’en servir. Et de fil en fil, et de nœud en nœud, un jour qui n’est pas lointain, apparaîtrait sous le regard fier et ému de Paulette : un tapis volant, mes amis. Un tapis volant.

On pense trop souvent que l’on a besoin d’avoir réuni un nombre considérable de conditions pour commencer à nous mettre en mouvement vers un projet, vers un rêve. Qu’un nombre inouï d’obstacles se dressent sur notre chemin. Mais, on pense mal.

Nos croyances limitatives sont aussi aliénantes que fausses. Et nos peurs aussi redoutables que contestables.

Il n’y a pas qu’une route qui mène à votre rêve. Il y en a des milliers. Il n’y a pas qu’une façon de faire exister un projet : elles sont légion. Mais il faut commencer par dérouler le fil. À tisser la soie.

Il faut commencer par un pas. Ce n’est qu’en agissant que l’on crée le chemin qui nous mène à notre projet. Il faut poser une action pour avoir un feedback. Pour se diriger vers un objectif qui nous tient à cœur, il faut entamer un dialogue et une collaboration avec la vie. Faire un pas, observer et entendre la réponse, et déterminer l’action suivante.

Et re-commencer. Avoir une intention nette, puis agir en suivant le flow.

Et si vous suivez le flow, ce sublime fil de soie, un jour qui n’est pas lointain, et qui ne sera sans doute pas comme les autres, vous voyagerez vous aussi, le cœur plein et les yeux qui piquent, sur le plus beau des tapis volants : le vôtre.

 

 

D’après un article de Maud Simon, paru dans le magazine In the moment.

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